En regardant lāhistoire de la gestion et lāĆ©volution du rĆ“le de gestionnaire, force est de constater que la posture de gestion est en constante Ć©volution. Autrefois la crĆ©dibilitĆ© du gestionnaire venait de son expertise, plus tard de son leadership et de son approche en gĆ©nĆ©ral. Ā Aujourdāhui la posture de gestion recherchĆ©e doit favoriser lāengagement et lāautonomie.
Ce qui Ć©volue moins bien ce sont les attentes que lāon peut avoir envers le gestionnaire. Bien souvent, elles sont Ć©levĆ©es et en plus de gĆ©rer la performance, ils/elles doivent sāassurer du bien-ĆŖtre et avec les modes de gestion hybride il y a la tendance Ć leur demander de crĆ©er des Ć©vĆ©nements pour la consolidation dāĆ©quipeā¦ La demande ne risque pas de diminuer, mais vous avez le contrĆ“le sur comment vous gĆ©rez les demandes!
Au-delĆ du rĆ“le de gestion qui continue de se transformer, la posture de gestion doit Ć©voluer.
Pour moi, la posture de gestion est la faƧon dont jāexĆ©cute mon rĆ“le. La maniĆØre dont je me tiens dans mon rĆ“le. Est-ce que je prends tout sur moi? Est-ce que je dĆ©charge sur les autres? Est-ce que je cherche Ć motiver et Ć mobiliser en impliquant les autres? Dit dāune faƧon simplifiĆ©e, cela pourrait ĆŖtre liĆ© au style de gestion.
Cet article prĆ©sente deux postures de gestion, inspirĆ©es du modĆØle des stades de dĆ©veloppement de lāĆ©quipe de Vincent Lenhardt. (HonnĆŖtement, cela fait tellement longtemps que je les utilise que je les ai renommĆ©es, et changĆ©es un peu, mais jāai gardĆ© leur reprĆ©sentation graphique!).
Nous verrons leur utilisation optimale et dans quel contexte utiliser lāune ou lāautre.
Vous prĆ©fĆ©rez le format vidĆ©o au texte? Regardez la vidĆ©o rĆ©capitulative de lāarticle ci-dessous.
Posture de gestion #1Ā : La roue centralisĆ©e
Le leader est au centre de tout. LāĆ©quipe est organisĆ©e. Les gens travaillent en Ć©quipe ou pas. Certains membres de lāĆ©quipe peuvent penser plus Ć leur tĆ¢che quāau but commun de lāĆ©quipe, mais pas nĆ©cessairement tout le monde.
Cette posture de gestion peut ĆŖtre drainante pour le gestionnaire qui aime avoir le contrĆ“le et/ou prendre beaucoup soin des personnes de son Ć©quipe.
Lāavantage principal est que lāinformation est centralisĆ©e par une personne.
LāinconvĆ©nient principal est quāĆ©tant donnĆ© que le gestionnaire est Ā«Ā centralĀ Ā», cela peut avoir un impact concret sur sa gestion de temps (beaucoup de suivis Ć faire), sur la productivitĆ© (on peut attendre aprĆØs le gestionnaire pour avoir des approbations ou des validations) et sur le stress! Le stress sur les autres car ils doivent peut-ĆŖtre attendre, ou nāont pas la vue globale, et le stress sur le gestionnaire car il a toute la pression!
Dans la roue centralisĆ©e, cāest le gestionnaire qui fait tourner lāĆ©quipe!
Lorsquāune situation urgente arrive, dans ce type de fonctionnement, le gestionnaire prend la situation sous sa responsabilitĆ©, cherche des solutions, trouve les personnes qui vont aider. Bref, cela repose sur lui!
Cette culture dāĆ©quipe, qui passe beaucoup par le gestionnaire, peut engendrer des difficultĆ©s Ć gĆ©rer ses conflits entre collĆØgues directement, ou peut rendre inconfortables les gens qui veulent prendre du temps pour bĆ¢tir des relations, car cela est mal perƧu dans lāenvironnement de travail.
Posture de gestion #2Ā : LāĆ©quipe performante
La diffĆ©rence majeure dans cette posture est que le leader nāest pas au centre! Il est avec lāĆ©quipe. Ce qui fait Ā«Ā tournerĀ Ā» lāĆ©quipe cāest le sens.
Le sens commeĀ : le pourquoi, la vision, la direction.
Ā Le leader ici agit plus comme un facilitateur de discussion et sāassure que tous comprennent bien ce quāils font (leur rĆ“le) et pourquoi ils le font (les impacts quāils peuvent avoir sur le systĆØme par exemple)
En reprenant lāexemple ci-dessus sur une situation urgente qui arrive, le gestionnaire qui adopte la posture de gestion de lāĆ©quipe performante va dire Ć lāĆ©quipeĀ : Ā«Ā Voici ce qui arrive. Que faisons-nous? Comment allons-nous rĆ©soudre le tout?Ā Ā» etc. Comparativement Ć prendre le fardeau sur ses Ć©paules
En fait ici lāobjectif du leader est de trouver un Ć©quilibre, et de susciter lāengagement et la motivation des Ć©quipes. Et il est conscient des enjeux quāil partage Ć son Ć©quipe. Ce type de leader ne se dĆ©charge pas, il dĆ©lĆØgue, mobilise et crĆ©e de lāautonomie.
Ć tort les gestionnaires pensent souvent protĆ©ger leur Ć©quipe en prenant de la pression sur eux. La vĆ©ritĆ© est que cela peut ĆŖtre motivant et mĆŖme engageant de sentir que nous sommes une Ć©quipe et que nous pouvons y arriver.
Lāavantage principal du modĆØle de lāĆ©quipe performante est que la roue peut tourner plus vite et harmonieusement grĆ¢ce Ć toute lāĆ©quipe.
LāinconvĆ©nient principal est quāil est plus difficile Ć mettre en place car il dĆ©pend du stade de dĆ©veloppement du leader. Un leader de ce type dĆ©lĆØgue, communique, responsabilise et rassembleā¦ en prioritĆ©!
Il est centrĆ© autant sur la tĆ¢che que sur le bien-ĆŖtre des Ć©quipes.
En rƩsumƩ
La posture #1 (la roue centralisĆ©e) est plus liĆ©e Ć un modĆØle classique de gestion, ou aux comportements que lāon peut avoir sous stress car nous avons besoin de reprendre le contrĆ“le ou de protĆ©ger des personnes ou des acquis.
La posture #2 (lāĆ©quipe performante) est issue dāune approche plus ouverte, plus agile, plus de notre temps. GĆ©nĆ©ralement plus attendue aussi des Ā«Ā jeunes gĆ©nĆ©rationsĀ Ā».
Comment choisir la meilleure posture de gestion?
Pour moi, idĆ©alement, il sāagit de travailler dans le but dāaller vers la posture de lāĆ©quipe performante (la #2). Je comprends aussi que cela nāest pas toujours possible.
CritĆØre #1Ā : La composition de votre Ć©quipe (expĆ©rience et anciennetĆ©)
Si votre Ć©quipe est plus ou moins expĆ©rimentĆ©e, vous allez devoir encadrer diffĆ©remment, cāest certain. Dāailleurs je ne vous conseille pas de nāavoir que des personnes inexpĆ©rimentĆ©es dans votre Ć©quipe, cela manque dāĆ©quilibre, mais je sais que le marchĆ© nāest pas facile.
Dans cette situation, pour commencer Ć susciter plus dāautonomie, choisissez des dossiers moins risquĆ©s, des personnes Ć potentiel et profiter pour ĆŖtre plus Ć lāaise avec les erreurs š Donc, posture #1, et allez vers #2.
(Pour plus de dĆ©tail sur le temps dāencadrement, lisez cet article.)
Si votre Ć©quipe est expĆ©rimentĆ©e et a de lāexpĆ©rience dans votre organisation, le plus difficile pour vous sera de changer des habitudes. Autrement, ils devraient connaĆ®tre assez lāorganisation. Le dĆ©fi est la gestion du changement. La posture #2 est plus appropriĆ©e avec un accompagnement adaptĆ©.
Si vous Ć©quipe est expĆ©rimentĆ©e et nāa pas beaucoup dāexpĆ©rience dans votre organisation, le dĆ©fi est dans la communication et dāen faire confiance. Ćvitez de micro-manager des personnes sĆ©nior et donnez-leur une direction claire et des personnes-ressources. La posture #2 est plus appropriĆ©e selon le risque des dossiers et le profil des personnes.
CritĆØre #2Ā : Votre dĆ©veloppement de leader
La posture #2 demande plus de maturitƩ Ʃmotionnelle, plus de confiance en soi, plus de courage et procure le plus de satisfaction!
Les gestionnaires qui entreprennent cette transformation vont gagner du temps Ć se faire accompagner, que ce soit Ć lāinterne ou Ć lāexterne, en formation ou en coaching.
Un bon dĆ©but peut ĆŖtre une autoformation en ligne, en voici une sur le courage et la dĆ©lĆ©gation.
En conclusion
Depuis plusieurs annĆ©es dĆ©jĆ , les gestionnaires se font dire quāil faut dĆ©velopper un leadership diffĆ©rent. Ce nāest pas si facile que cela, car cela demande bien souvent une motivation personnelle!
Tous les changements vĆ©cus derniĆØrement et qui vont continuer de se produire vont soit avoir un impact positif sur vous ou votre Ć©quipe, soit avec un impact nĆ©gatif. Les impacts nĆ©gatifs Ć©tant plus de stress, moins dāĆ©quilibre. Cāest certain que se transformer demande un certain effort, mais avoir un impact plus positif sur soi et par ricochet sur les autres au niveau de lāĆ©quilibre, de lāengagement et du bien-ĆŖtre. En plus, cela aura un impact sur la productivitĆ© et la performance!