Qu’est-ce qu’un bon patron? Je suis tombée deux fois sur la phrase suivante en une semaine: “People leave managers not companies. If you have a turnover problem, look first to your manager.” Bien que Gallup ait créé cette phrase il y a quelques années, Google confirme que c’est toujours d’actualité, et surtout, cette citation m’interpelle.

J’aime bien avoir des débats sur « Qu’est-ce qu’un bon patron? ». Comme beaucoup de gens, j’ai (mal) vécu certains patrons.

D’ailleurs, j’ai mon avis sur les caractéristiques des bons ou des moins bons patrons, et je ne suis pas la seule : Internet regorge d’articles à ce sujet. J’ai plutôt envie de vous raconter une expérience qui a complètement changé la dynamique de mon équipe, qui m’a permis de livrer de meilleurs résultats ainsi que d’évoluer personnellement.

 

Partage d’une exprience personnelle

Je venais d’être nommée dans un poste de direction. Grâce à une relation conflictuelle avec un employé, j’ai réalisé qu’il fallait que je sorte du mode résolution de problème…

Ce que je veux dire par le mode « résolution de problème », c’est que mon cerveau analysait, cherchait et définissait le problème PENDANT que les gens me parlaient. Une fois qu’ils avaient terminé, je lançais ma solution avec fierté. C’est ce qu’on avait toujours apprécié de moi : trouver des solutions et livrer!

Je n’étais pas différente de cette personne qui venait régulièrement à mon bureau. De plus, je ne voyais pas où elle voulait en venir et je ne savais pas quoi faire. Pour être encore plus honnête, je me pensais à l’écoute, car je travaillais fort à chercher une solution. Surtout, je ne comprenais pas pourquoi notre relation ne s’améliorait pas.

À un moment, j’ai demandé conseil et j’ai reçu : « Tu dois simplement écouter, cette personne ne veut pas de solution, elle veut parler avec toi». Je n’avais jamais capté qu’on pouvait avoir ce besoin de discuter et de développer une relation au travail.  J’ai aussi réalisé que je faisais souvent la même chose avec mon propre patron et que les fois où il me poussait une solution, j’en ressortais frustrée.

Aujourd’hui, des années plus tard, je peux vous affirmer que je n’avais pas encore compris toute la portée de ce nouvel éclairage, mais j’avais certes avancé d’un pas de géant!

Donc, je suis partie à la recherche de moyens pour débrancher mon cerveau de ce mode. J’ai lu, j’ai questionné, j’ai testé – avec cette personne, et ensuite avec d’autres. Enfin, j’en suis arrivée à être plus empathique et aussi à partager des éléments personnels à mon milieu de travail (ce que je faisais peu ou pas).

 

Quelques trucs pour être plus empathique et devenir un meilleur voire un bon patron:

    • Chercher à comprendre le fond de l’histoire: il suffit souvent de poser des questions sur le contexte et de reformuler ce que l’autre nous dit.
    • Se concentrer à comprendre le fond, et non à chercher une solution.
    • Comprendre les émotions et les valeurs atteintes : « Cela doit être frustrant » ou « Je comprends à quel point tu voudrais que ton équipe soit reconnue pour sa contribution. » ou encore « Je vois que tu as utilisé ton bon jugement. »

Mise en situation : Un chef d’équipe vient se plaindre d’un autre chef d’équipe qui récupère tout le crédit d’un dossier, mais qui selon lui a travaillé deux fois moins. Vous êtes le patron, laquelle des ces deux interventions vous permettrait de créer une meilleure relation?

    1. « Calme-toi, va discuter avec ton collègue et trouvez une solution. »
    2. « Tu as du courage de venir m’en parler.  Je comprends que l’équité c’est important pour toi. Quelles sont les options que tu vois à partir d’ici? »

Pour à voir plus de détails sur comment développer votre empathie et créer une meilleure relation avec votre patron, un collègue ou un proche, je vous invite à lire l’article « L’empathie, quand on n’en a pas envie ».

 

Comment vous sentez-vous quand vous partagez de l’information personnelle et que l’autre, bien qu’empathique, ne vous partage rien? Un bon patron ne devrait-il pas savoir communiquer avec empathie?

Un leader pourrait penser que dans sa position, il doit être (ou avoir l’air) parfait. Le problème c’est que c’est difficile d’entrer en relation avec quelqu’un de parfait… Vous avez une vie, des failles et des besoins vous aussi. Ainsi, ne pas les communiquer ni les reconnaître ne contribue pas à créer une relation. Je ne dis pas que vous devez parler de votre vie privée. Cependant, vous pouvez partager vos expériences professionnelles ou échanger sur un point commun (la famille, les voyages, votre village natal, votre hobby, etc.). Soyez personnel en ayant pour objectif d’ouvrir un canal de communication vers la réalisation d’un but commun, non de forger des amitiés.

Mise en situation : Un chef de projet démarre un projet avec une équipe qu’il connaît. Il rencontre chaque membre individuellement. Vous êtes ce chef de projet, laquelle des ces deux interventions vous permettrait de créer une meilleure relation?

    1. Quels sont les points que tu aimerais développer particulièrement sur ce projet?
    2. Dans ce nouveau projet, j’aimerais améliorer mon analyse d’impacts sur le département XYZ. De ton côté, quels sont les points que tu aimerais développer particulièrement sur ce projet?

 

Est-ce contradictoire au rôle de gestionnaire de créer une relation avec son équipe? Un bon patron ne doit-il pas avoir une bonne relation avec son équipe?

Mon expérience personnelle de gestionnaire m’amène à répondre que les messages difficiles sont milles fois plus faciles à passer quand on a créé ce canal de confiance avec l’autre. J’ai été capable de donner du feedback difficile, dans un style direct, à des gens qui m’en ont même remercié. Si vous avez une relation de confiance, pourquoi cette personne serait-elle frustrée de vos commentaires? Elle vous connaît, vous la connaissez et vous comprenez vos rôles respectifs.

Afin d’avoir des conversations difficiles plus facilement, suivez la formation en ligne Communiquez autrement. Le manuel de la formation comprend des scripts pour les conversations difficiles qui pourraient vous aider.

 

Conclusion

En conclusion, mon avis pour être un bon patron est très simple : soyez ouvert et apprenez sans arrêt. Pour ma part je remercie les défauts de mes patrons, car ils ont contribué à ce que je suis devenue.  Je ne vous ferai pas croire que je suis parfaite! Je continue à apprendre à chaque jour, et ce, pour le reste de ma vie. C’est mon engagement de coach.

Être gestionnaire n’est pas un métier facile. Il faut le vivre. Même le plus grand théoricien de la gestion le dit (Mintzberg) : la gestion s’apprend sur le terrain. Moi je vous dis : faites-vous accompagner par un coach, vous aurez du succès plus rapidement!